La crise migratoire en Europe en 2016

Publié le par Arnaud P.

Après avoir vu arriver par la mer un peu plus d’un million de réfugiés et de migrants en 2015, les États membres de l’UE étaient déterminés à fortement réduire l’afflux en 2016. Ils y sont parvenus, mais aux dépens des droits et du bien-être de ces personnes, délibérément sacrifiés au nom de cette nouvelle politique. À la fin du mois de décembre, environ 358 000 réfugiés et migrants avaient atteint les rivages européens. Le nombre de personnes ayant emprunté l’itinéraire passant au centre de la Méditerranée a légèrement augmenté (environ 170 000 personnes au maximum), tandis que les arrivées sur les îles grecques étaient en très forte baisse (passant de 854 000 en 2015 à 173 000  en 2016), en raison, presque exclusivement, de l’accord sur le contrôle des migrations conclu en mars entre l’UE et la Turquie. L’Organisation internationale pour les migrations estimait que quelque 5 000 personnes avaient péri en mer, ce qui constituait un triste record (environ 3 700 morts avaient été recensés en 2015). L’accord conclu avec la Turquie était typique de l’attitude de l’UE face à la « crise des réfugiés ». La Turquie a obtenu six milliards d’euros en échange de l’assurance qu’elle surveillerait ses côtes et accepterait le retour des demandeurs d’asile parvenus à passer sur les îles grecques. Cet accord était fondé sur des bases fausses, puisqu’il partait du principe que les demandeurs d’asile trouveraient en Turquie toutes les garanties auxquelles ils auraient pu prétendre dans l’UE. Or, ce pays dispose d’un dispositif d’asile balbutiant et doit déjà accueillir près de trois millions de réfugiés syriens, qui ont toutes les peines du monde à s’en sortir. Dans ces circonstances, la position de l’UE témoigne de sa volonté de faire passer ses propres desseins politiques avant les droits et les conditions de vie des réfugiés. Bien que le nombre de nouveaux arrivants ait baissé, avec quelques milliers de personnes supplémentaires par mois en moyenne, les capacités d’accueil des îles grecques demeuraient saturées. À la fin de l’année, environ 12 000 réfugiés et demandeurs d’asile se trouvaient toujours sur ces îles, entassés dans des centres d’hébergement de fortune, dans des conditions de surpopulation, d’insalubrité et d’insécurité croissantes. La situation dans les camps donnait régulièrement lieu à des émeutes. Des attaques par des personnes issues de la population locale accusées d’être liées à l’extrême droite ont également été signalées. Les conditions de vie des quelque 50 000 réfugiés et migrants se trouvant dans la partie continentale de la Grèce n’étaient que très légèrement meilleures. À la fin de l’année, la plupart d’entre eux avaient certes trouvé refuge dans des centres d’accueil officiels, mais ceux-ci étaient pour l’essentiel des camps de tentes ou des entrepôts désaffectés, qui ne se prêtaient pas à un hébergement de plus de quelques jours.

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